samedi 11 janvier 2014

Guerrières (1) : Le Roi transparent - Rosa Montero

En cette année de commémoration de la Première guerre mondiale, je me suis interrogée sur le rôle des femmes combattantes et leur représentation dans la littérature. Dans la Grande Guerre, il y eut ainsi des femmes résistantes et des espionnes. Mais auparavant, au cours des siècles, des femmes ont déjà combattu: des gladiatrices dans l'arène à Rome, des femmes travesties sur les champs de bataille... 

C'est sans doute en s'inspirant d'elles que l'héroïne du Roi transparent a été créée par Rosa Montero, écrivaine et journaliste espagnole née en 1951. Depuis la parution de son premier roman en 1979, elle est l'auteure d'une oeuvre prolifique dont sept titres ont été traduits en français aux éditions Métailié. Je l'ai découverte avec Des larmes sous la pluie, passionnant roman de science-fiction publié en France début 2013, qui m'avait donné envie de me pencher davantage sur son travail. C'est chose faite avec cet étonnant Roi transparent.

L'histoire ? Dans la France du XIIe siècle, Léola, jeune serve, perd sa famille et son amoureux dans les guerres seigneuriales. Elle fuit en se dissimulant derrière l’armure trouvée sur le corps d’un chevalier mort. Elle croise bientôt le chemin de Nynève, guérisseuse qui devient son guide.

L’atout majeur de ce quatrième roman de Rosa Montero traduit en français, c’est d’abord son héroïne, une jeune femme forte, courageuse et intelligente, dont on suit le parcours sur 25 ans. C’est aussi la galerie de personnages qui l’entourent, qui ont tous leur intérêt particulier, du seigneur de Ballaine, qui aide Léola à se transformer en chevalier, au curieux Frère Angelin, en passant par les illustres Aliénor d’Aquitaine et Héloïse... L’écriture de l’écrivaine ne s’embarrasse pas de clichés, que ce soit dans son style épique, intelligemment travaillé (et servi par la traduction soignée de Myriam Chirousse), ou dans l’intrigue. Au service de cette dernière, elle n’hésite d’ailleurs pas à triturer l’Histoire et à la mêler aux mythes. Et la sauce prend : on ne s’ennuie pas avec les nombreux virages que prend l’itinéraire de Léola, même si ce dernier aurait gagné à être un peu raccourci.

Le Roi transparent est donc un roman d’aventures étonnant et bien construit, porté par une héroïne à part.

Quelques extraits :

« Ah, la vérité… qui sait la vérité ? Peut-être qu’il existe plus d’une vérité, peut-être aucune. Comme je te le disais, la vérité est toujours ce qu’il y a de plus difficile. » (p. 54)

« [P]ersonne ne peut améliorer ta vie pour toi, et pour pouvoir toucher le ciel il faut d’abord mourir. Méfie-toi de ceux qui ont plus de réponses que de questions. De ceux qui t’offrent le salut comme on offre une pomme. Notre destin est un mystère et peut-être que le sens de la vie n’est rien d’autre que la quête de ce sens. » (p. 80)

« Tu n’as aucune idée de ce qu’est la haine. C’est une ronce dure et exubérante qui remplit tout, qui étouffe le moindre petit doute émotionnel, qui nous sauve de nos misérables dépendances. Dans ma haine, je me suffis à moi-même et je suis heureuse. Mon cœur est fait d’un fer aussi trempé et aussi noir que celui de cette cuirasse, et aussi impénétrable. Tes paroles me font rire. Elles sont pour moi comme le chant d’un grillon : innocentes et incompréhensibles. » (p. 298)

Beaucoup d'autres avis positifs au sujet de ce roman sur la blogosphère comme chez Une ComèteMiss Léo, KeishaUn chocolat dans mon roman, ou Sandrine.

Le Roi transparent, de Rosa Montero, traduit de l'espagnol par Myriam Chirousse, éditions Métailié, 2008, 471 p.

2 commentaires:

  1. Merci d'avoir mis un lien vers mon billet !! J'avais vraiment adoré ce roman, et je suis ravie que Rosa Montero fasse de nouvelles émules.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. De rien! C'est la lecture de ta critique, entre autres, qui m'a donné envie de lire ce roman.

      Supprimer